Sébastien Monnier : « Pour moi, un contenu responsable est, avant tout, un contenu respectueux de l’utilisateur. »

Dernière révision : 31 juillet 2020

C’est LE spécialiste des content analytics en France ! Fondateur de l’agence Woptimo et ex-président de l’association SEO Camp, Sébastien navigue comme moi depuis toujours entre les mots-sens et les mots-clés – mais lui en version beaucoup plus technique 😉 Seul prof de français de ma connaissance à être parti exercer ses talents linguistiques chez Google, il a été directeur d’agence chez 1ère Position avant d’ouvrir sa propre agence en 2011. Sage entre les sages au pays du SEO, zen même quand il gère 36 dossiers, il fait également partie de l’équipe fondatrice de l’association Kontnü. Voici son point de vue sur la meilleure manière de concilier sobriété éditoriale et visibilité SEO :

Sébastien Monnier, directeur de Woptimo

Est-il possible d’après toi de concilier sobriété éditoriale et visibilité SEO. Et si oui comment ?

C’est tout à fait possible au sein d’un même contenu. Un texte bien structuré et allant droit au but aura plus d’opportunités de positionnement qu’un article, même plus long mais moins bien organisé et moins utile à l’utilisateur. 

Le vrai challenge pour être sobre est sur la volumétrie du nombre de pages à créer. En effet plus on couvre de sujets, plus on capte de la visibilité. Mais, le problème dépasse le SEO. Ne pourrait-on pas envisager une certaine sobriété commerciale, voire sobriété entrepreneuriale ? Est-ce toujours utile de toujours conquérir de nouveaux marchés ? 

Tu fais partie des membres fondateurs de l’association Kontnü, qui vient de publier son code de déontologie. Le 4ème pilier du code parle « de contenus responsables », c’est-à-dire conscients de leur impact écologique. Comment comptes-tu mettre en œuvre concrètement ce 4ème pilier dans ta pratique professionnelle, et dans ton agence web ?

Mon agence, Woptimo, est désormais principalement une agence de Digital Analytics. A ce titre, nous essayons de diminuer la bande passante utilisée par les outils de suivi et nous alertons sur les pages lourdes à charger. Toutefois, l’impact écologique de ceci est infime : c’est vrai pour les scripts de suivi, mais aussi, pour la création de contenu. Pour moi, un contenu responsable est, avant tout, un contenu respectueux de l’utilisateur en terme de temps de chargement, accessibilité et inclusivité. Ceci va dans le même sens toutefois.

Le vrai changement écologique à fournir pour mon agence est d’arrêter les voyages en avion pour les conférences. L’impact serait bien plus grand mais nous sommes encore très dépendants de ces réunions pour l’échange d’informations et le networking. Et pour terminer sur une note positive, nos bureaux sont au coeur de Paris… donc zéro voiture au quotidien !

Comment vois-tu l’avenir du digital par rapport aux enjeux écologiques ? As-tu l’impression que le secteur du numérique est conscient de ces enjeux d’avenir ?

Je suis extrêmement pessimiste sur l’avenir écologique de la planète. Et je ne suis pas confiant dans le devenir de notre civilisation. Quand je regarde mon fils, qui a 6 mois, et donc toute la vie devant lui… je reste perplexe sur les challenges qu’il va devoir affronter d’ici à la fin du siècle.

Le secteur du numérique est souvent montré du doigt. Or, soyons clair par rapport à cela : la création et la diffusion de contenu de marque n’a, en France, quasiment aucun impact climatique : notre électricité est presque entièrement décarbonée puisqu’issue du nucléaire. Les communications trop souvent relayées sur, par exemple, la nécessité de nettoyer ses mails est basée sur de mauvaises données.  Aucun nettoyage de mails ne permettra d’avoir, par exemple, un impact plus grand qu’un trajet en voiture !

C’est sur ce point que nous avons une responsabilité collective : la communication. Les contenus publiés sur les réseaux manquent bien trop souvent de rigueur scientifique et on ne compte plus le nombre de magazines en ligne qui font la promotion de pratiques trompeuses comme l’astrologie, la voyance, l’homéopathie, l’acupuncture, les magnétiseurs… La justification scientifique semble passer au second plan devant les impératifs de communication ou des agendas politiques. Il est tout de même incroyable qu’on donne autant de crédit et de place à des spécialistes de la déformations scientifique comme Greenpeace, et aussi peu aux conclusions scientifiques comme le GIEC. 

En ce sens, le secteur du numérique et de la communication en général n’a pas du tout pris conscience de ces enjeux. La précision dans l’utilisation des données est un point central auquel peu de gens s’intéressent. Le code de déontologie proposé par Kontnü demande à ce que les contenus travaillés s’appuient sur des sources dignes de confiance. C’est un pas dans la bonne direction, à condition qu’on puisse établir précisément ce qu’est une “source digne de confiance”.

J’aimerais m’investir bien plus dans ce domaine et rejoindre ou créer un collectif de spécialistes de la data et de la communication pour questionner et mettre en perspective tout ce qu’on peut lire et entendre sur ces sujets. Je manque de temps, mais, si parmi tes lecteurs, certains se sentent concernés, qu’ils n’hésitent pas à me contacter !

A lire sur ce blog :
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A relire
Pour une sobriété numérique, le rapport du Schift Project

(C) Amélie Mourichon

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